Bonsoir

J’ai écrit un livre qui est dans l’antichambre des livres. Il attend, il attend. Dans le couloir. La personnage principale se prénomme Jacob. C’est un livre qui vient de mon cœur, il a été pris de mon cœur et s’est étalé sur des pages. 

Plusieurs réflexions cette semaine – réflexions nombreuses. Ma psy était contente, ai-je vu dans son regard.

Bref, plusieurs réflexions cette semaine : la première est que la beauté d’un être n’a rien à voir avec la beauté de ses traits, mais avec la manière dont il touche les choses. Comment les yeux regardent, ce qu’ils regardent, s’ils regardent. Sa manière de toucher des yeux ou du doigt les choses et les êtres, c’est-à-dire les animaux, les chiens par exemple.

Il tenait un petit chien entre ses bras et j’avais l’impression qu’il se tenait lui-même entre ses bras. C’est un petit chien avec un prénom basque. Il va devenir un grand chien, il aura toujours le même prénom. Mais la beauté des bras qui le tienne, qui pense à lui, à le rassurer, cette beauté-là je ne peux pas la décrire. Quelqu’un qui touche quelqu’un d’autre, de faible ou de fort, un animal ou un enfant ou même une chose, quelqu’un qui touche sans avoir peur, avec l’intention de protéger, je trouve que là est la beauté.

Deuxième réflexion. Quand le monde s’effondre, il faut respirer. Il faut respirer fort, par une narine puis l’autre, il faut écouter la voix qui guide. La voix d’un amphibien devenu humain. Il faut se prosterner, devant la nature ou Dieu ou ce que vous voulez. Il faut regarder le ciel, ne pas écouter les oiseaux, il faut regarder le ciel et se dire que si le monde s’est effondré, ce n’est que pour un moment, ou dans une partie délimitée de notre cerveau. Ça a l’air cryptique, mais c’est simple. Il faut respirer et regarder le ciel.

Troisième réflexion. Les gens ont toujours aimé les histoires. On aime entendre des histoires et raconter des histoires depuis le début de l’humanité. Je commence à comprendre comment on raconte une histoire. Je commence à comprendre. 

Quatrième réflexion. Les émotions sont passagères. Je ne le savais pas. 

Cinquième réflexion. Je lis parfois des livres pour comprendre leur structure. J’apprends les chapitres par cœur. J’apprends des Anciens. Ils connaissaient beaucoup de choses, même s’ils ont fini par mourir. Les livres qui me touchent le plus sont ceux qui traitent de la mort, de la vie, de la beauté. Souvent, des êtres. Parfois, de la nature. Les êtres ont un cœur insondable. C’est lorsqu’on le sonde, avec profondeur, que les livres m’atteignent le plus. L’humour, le style, la grâce, tout cela est important. Mais moins que la mort, la vie, la beauté, les êtres et leurs cœurs insondables. Peut-être est-ce universel, ou peut-être est-ce parce que j’ai été élevée plutôt dans la religion et dans la nature. 

Sixième réflexion. Des recoins que j’ignore dans des villes que je connais : c’est là où j’aimerais aller. 

Septième réflexion. La colère peut être saine, on me l’a répété, mais je ne sais pas comment. 

Allez bye.

PS : En ce moment, je lis Carson McCullers, Le coeur est un chasseur solitaire